Mémoires d’Égypte : ce que je retiens

Article : Mémoires d’Égypte : ce que je retiens
Crédit: Kenfack Dirane
22/07/2021

Mémoires d’Égypte : ce que je retiens

Dans ce billet, je raconte avec luxe ce que j’ai vu et vécu en Égypte. Pour vivre de belles aventures, il faut parfois prendre de risques. C’est le prix à payer. J’écrirai d’autres billets sur mon séjour en Turquie et au Liban. Ce billet est aussi un carnet de voyage pour permettre à ceux qui veulent se rendre en Égypte de savoir à quelles difficultés ils pourraient être confrontés. Comme dans presque tous mes voyages, je suis ouvert à l’inconnu. Tout ce qui m’est étranger est tentation. Je me laisse embarquer dans l’aventure. Dès lors que les premières questions commencent à me trotter dans la tête et surtout, les premières déconstructions.

Quel accueil chaleureux !

Mon séjour en Égypte fut synonyme de belles rencontres et de découvertes. Cependant, si je dois citer immédiatement un fait positif, je dirais le chaleureux accueil des égyptiens : « Salamalekum ! », c’est-à-dire en arabe, « Bonjour » ou « Bienvenue », ou encore « Yallah !« , « allons-y » ! J’ai été accueilli à mon arrivée par Hager Mohamed Aladin, une jeune égyptienne. Lorsque nous étions en route pour l’hôtel, on causait, on rigolait, on apprenait à se connaitre et c’était plutôt sympa. Que de sourires, que de gestes de générosité, que de personnes serviables. Je ne peux que les remercier d’avoir contribué à ce que je passe des instants incroyables.

L’Aéroport international du Caire.
Crédit photo : Kenfack Dirane
Se déplacer au Caire grâce à un réseau de transports

Au Caire, outre le bus, pour mes courses personnelles, j’ai opté pour le taxi et également Uber. J’ai été satisfait par le service Uber en Égypte, malgré quelques petits soucis liés aux courses annulées et aux frais débités, qui après des plaintes de ma part, ont été réglés. J’ai discuté avec beaucoup de chauffeurs de taxi Uber et c’était plutôt intéressant de savoir comment leur secteur se porte en Égypte. Pour le taxi ordinaire, je vous déconseille de le prendre en Égypte si vous ne parlez pas arabe. Si vous en prenez, il faut négocier, car sinon vous parierez le prix fort.

J’en ai pris mais je me suis fait arnaqué plusieurs fois. Ces chauffeurs ne parlent pas tous anglais et ils ne maitrisaient pas ma destination. Parfois, j’ai décidé de descendre de ces taxis sans arriver à destination, mais obligé de payer parce que les chauffeurs étaient même incapables de lire un GPS en anglais. C’était plutôt dégoutant. Aussi, j’ai expérimenté le métro du Caire, qui contient un vaste réseau dont la station Sadat à la place Tahrir et la station d’Attaba. J’ai pu sillonner pratiquement toute la ville du Caire jusqu’au nouveau Caire, où la nouvelle capitale est en construction. J’ai eu le temps d’aller au City Center, au Genena Mall. Que de bruits, que de mouvements, que de monde !

La station de métro d’Attaba au Caire.
Crédit photo : Kenfack Dirane
Le Genena Mall, au Caire. Il s’agit d’un des grands centres commerciaux de la capitale égyptienne. Sur la photo, Kenfack Dirane du Cameroun, Chris Baganda et Gloria Kazadi de la République Démocratique du Congo et Bassirou Tandjigara, du Sénégal.
Crédit photo : Kenfack Dirane
La cigarette, un produit précieux en Égypte

À mon arrivée en Égypte, un égyptien m’a proposé une cigarette, ce que j’ai refusé. Comme au Cameroun, la bière est un liquide précieux, en Égypte, la cigarette est aussi une obsession. J’ai posé la question à un égyptien, pourquoi ils sont aussi obsédés par la cigarette, et il m’a fait comprendre qu’ils fument pour noyer les soucis. En journée, la nuit, dans la chambre, au salon, au balcon, dans l’espace public, on y fume ! Sans s’inquiéter si cela met mal à l’aise son voisin ou pas.

Hommes, femmes, jeunes, vieux, étrangers, tous fument. Ils sont tout le temps dans des cafés pour tirer un coup de cigarette ou de chicha. Une autre personne m’a également fait comprendre que le défoulement des égyptiens sur la cigarette est une réponse à l’interdiction de la bière, bien que certains la prennent en cachette. Le gouvernement a augmenté les taxes sur la cigarette, mais cela est inefficace pour dissuader les consommateurs.

Comment le Cameroun a construit son softpower à travers le football !

En Égypte, lorsqu’on me demande d’où je viens, je réponds que je viens du Cameroun. Ils me disent : « Samuel Eto’o, Patrick Mboma, Roger Milla !« . Les égyptiens apprécient le Cameroun en affirmant que c’est un grand pays de football et qu’ils respectent vraiment cette génération de footballeurs, avec notamment El-Hadari, Aboutreka, Zidane… Les égyptiens me rappellent aussi la défaite du Cameroun en finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2008 contre l’Égypte. Je leur ai répondu que c’était regrettable, mais que nous avons rectifié le tir en 2017, en remportant la CAN avec notre victoire contre l’Égypte, malgré la présence de leur idole, Mohamed Salah. On riait, on se racontait des histoires, c’était chaleureux.

En Égypte, tout le monde ne parle pas anglais !

L’Égypte a été occupée par l’Angleterre et l’anglais est considérée comme la seconde langue de ce pays après l’arabe. Mais tous les égyptiens ne parlent pas anglais, dans un pays pourtant visité par les touristes du monde entier. J’ai eu beaucoup de difficultés liées à la communication dans mes rapports avec les égyptiens.

Au marché, pour acheter, certains ne parlent pas anglais et j’étais parfois obligé de partir sans prendre ce que je voulais, pourtant intéressant. Au Mac Donald’s, plusieurs fois j’ai passé la commande, mais on m’a servi ce que je n’ai pas demandé parce que presque tous s’exprimaient exclusivement en arabe. Il a fallu que je trouve une étudiante égyptienne qui y effectuait son stage en économie pour m’aider à faire mon choix.

Aussi, lorsque nous voulions jouer au tennis au stade militaire du Caire, c’est une jeune fille qui nous a aidés en traduisant notre message et en le transmettant au directeur de l’académie de tennis. C’est une situation assez préoccupante. Cela peut se comprendre du point de vu du nationalisme arabe et de la mise en avant du slogan « l’Égypte d’abord, l’arabe d’abord« .

Des chaussures en vente au marché Khan-El Khalily. Ce marché est situé au Caire. Il est le lieu de vente des samaras et d’autres chaussures en cuir. Très visité et presque incontournable par les étrangers pour ses produits de fabrication locale. là on trouve quelques égyptiens qui s’expriment en anglais, en espagnol et quelques mots en français.
Crédit photo : Kenfack Dirane
L’Égypte, un pays militarisé

Je consacrerai un autre billet sur l’emprise de l’armée sur les secteurs de la société égyptienne. Depuis son indépendance, l’Égypte a connu des régimes militaires, et avec la monté de l’islamisme (frères musulmans) et les attentats, le pays est militarisé. J’ai passé une journée à l’Académie internationale de police d’Égypte et j’ai observé les formations de policiers dans le maintien de l’ordre. Assez impressionnant !

Au Caire, nous étions escortés par la police pendant quasiment tous nos déplacements. Dans les lieux hautement sensibles, on retrouve les postes de police à chaque 100 mètres, prêts à intervenir en cas de problème. Depuis le printemps arabe de 2011 et la révolution de 2013, la situation sécuritaire est assez volatile, surtout à la place Tahrir.

J’ai accordé une importance particulière à cette place, symbole de contestations. Elle a accueilli près d’un million de personnes en 2011, qui manifestaient contre le président Mubarak. Elle a été rénovée à l’occasion de la parade des pharaons. J’ai y passé la plupart de mon temps, avec mes amis égyptiens. Il était question pour moi de visiter longuement cette place centrale du Caire où deux bombes avaient explosé en 2013 lors des manifestations qui ont suivi de la chute de Mohamed Morsi. La place Tahrir est hyper gardée par les policiers égyptiens 24h sur 24.

Bien qu’il soit interdit par la police de s’y asseoir, de s’y attarder ou d’y prendre de photos, nous avons été curieux jusqu’au bout et on s’y retrouvait les soirs pour s’asseoir, pour raconter les histoires, pour prendre de la glace, pour rigoler, tirer les feux d’artifices et savourer la fraicheur nocturne en été. C’était plutôt magique ! Là, nous avons relevé un défi, celui de se recueillir dans ce lieu symbolique.

Scène de vie à la place Tahrir, la nuit. C’est la principale place centrale du Caire. Elle a été rénovée à l’occasion de la parade des Pharaons.
Crédit photo : Kenfack Dirane
Le City Center, Almaza. Un centre commercial appartenant à l’armée égyptienne.
Crédit photo : Kenfack Dirane
Ce que je retiens

L’Égypte est un pays développé, un modèle, un bel exemple. C’est aussi une belle réussite en matière de gouvernance et de développement. Le pays a investi et investi massivement dans les infrastructures. Les villes sont assez développées : Le Caire, Alexandrie, Suez, Ismaïlia, le Sinaï. Les dirigeants se soucient du peuple.

Cependant, les plaisirs sont encadrés et les libertés sont restreintes. Les mœurs sont très influencées par la religion. En Égypte, parfois, on ne salue pas les filles en leur serrant la main, encore moins en les touchant. Embrasser une fille dans la rue peut paraitre étrange. Si vous embrassez une fille (même si c’est une façon de se saluer) et que cela prend d’autres proportions, vous serez rappelé à l’ordre par la police des mœurs.

J’ai pu prendre de nombreuses photos du Caire et d’autres villes. Nous avons effectué une croisière sur le Nil en bateau. Le rythme de la navigation était parfait. Lorsque vous avez besoin d’un renseignement, et que vous vous adressez à quelqu’un dans la rue, la plupart de personnes vous répond qu’elle ne connait pas. Je me suis retrouvé désespérément devant le musée du Caire à appeler un taxi Uber via mon application Uber, qui n’arriva jamais. J’ai finalement été aidé par un égyptien qui ne me connaissait pas et qui parlait anglais.

Les égyptiens sont sympas, j’ai beaucoup apprécié l’accueil, l’hospitalité, l’humilité, la capacité à servir. Je ne peux que remercier tous mes amis égyptiens et non égyptiens avec lesquels nous avons travaillé. Je ne vais pas tout raconter en même temps. Il faut y faire un tour pour découvrir et vous faire votre propre expérience.

Croisière en bateau sur le Nil. C’est assez stimulant que de parcourir le Nil la nuit.
Crédit photo : Kenfack Dirane
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Commentaires

Tandjigora
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Intéressant mon cher . Tu me donnes l’envi d’y répartir mais pas cette fois ci dans la même hôtel ( MDR) mais à l’hôtel massa où j’ai passé le meilleur moment de mon séjour durant cette retrouvailles.

Dirane Merlin Kenfack
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Merci beaucoup Fréro. C'était un immense plaisir !