Coronavirus: comment le Cameroun fait face?
A la fin du mois de février 2020, les rumeurs de premiers cas de coronavirus circulaient au Cameroun.Ces rumeurs étaient d’abord démenties par les autorités camerounaises. Les cas de contaminations ont par la suite augmenté avec l’arrivée de deux vols en provenance de l’Europe en mars, dont un de Brussels Airlines et l’autre d’Air France .Aujourd’hui,le Cameroun compte plus de 8000 cas de contamination, d’après les chiffres rendus publics par le Ministère de la santé, une situation de plus n plus inquiétante.
Les autorités camerounaises ont affirmé être particulièrement vigilantes sur les mesures préventives. Le premier cas de coronavirus officiel signalé au Cameroun était un ressortissant français. Par la suite, les passagers des vols venant d’Europe en mars ont été mis en quarantaine dans les hôtels à Douala et Yaoundé.
Que de scandales!
Les mbenguistes, comme on les appelle au Cameroun, mis en quarantaine dans les hôtels affichent leur mécontentement. D’autres se plaignent des mauvaises conditions de quarantaine à savoir les repas pas consistants, conditions hygiéniques mauvaises. Beaucoup de ces passagers des vols de Brussels Airlines et Air France ont fui les hôtels, d’autres ont usé de leur influence auprès des autorités pour sortir de la quarantaine, comme une femme dont le mari est commissaire de police fait appel à celui-ci pour quitter la quarantaine. D’autres mbenguistes en quarantaine sont allés voir les prostituées de Yaoundé pour tirer un coup, ce qui a favorisé une propagation exponentielle du virus dans les villes de Yaoundé, Douala et Bafoussam.
Des mesures urgentes
Pour essayer de ralentir la propagation du virus, le gouvernement a annoncé une série de mesures le 18 avril, à savoir la fermeture des écoles et des Universités, la réduction du nombre de passagers dans les transports, l’interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes, l’interdiction de la surcharge dans les transports, la mise en place de l’école à la télé pour pallier à la fermeture des écoles etc. Par la suite, des notes ont été signées fermant les débits de boisson, les boites de nuit, les restaurants à 18 heures, ensuite, d’autres interdisaient de boire la bière dans les bars pour éviter les attroupements, alors qu’on sait que la bière et le football sont les deux éléments qui unissent les camerounais. Au lendemain de ces mesures, les prix des masques et des gels dans les pharmacies ont doublés et un véritable business s’est développé autour du coronavirus. Lorsque le gouvernement a déclaré le port du masque obligatoire, ceux qui contrevenaient étaient arrêtés par la police, placés en garde à vue et payent une somme de 6 .000 F CFA avant d’être libérés. Ces mesures ont contribué à ralentir le virus malgré un système de santé précaire.
Des mesures sans accompagnement
Dans la plupart des pays en Afrique, les gouvernements ont débloqué des sommes importantes, avec moins de cas de coronavirus que le Cameroun, pour bien lutter contre cette pandémie. Le Sénégal a débloqué près de 1000 milliards de F CFA, le Niger 500 Milliards et lorsque le Tchad a constaté trois cas sur son territoire, le président Déby a débloqué 15 milliards. Au Cameroun, les mesures de restriction de l’économie n’ont été suivie des mesures d’accompagnement, ce qui rendu la vie difficile aux populations les plus vulnérables. Le gouvernement a débloqué la maigre somme de 1 milliard de FCFA dont on a évalué la valeur à 40 FCFA environ par camerounais. Quelle moquerie ! Mais la question qu’on peut se poser est pourquoi les autorités camerounaises ne portent pas d’intérêt à la santé de ses populations ? Pourquoi le Cameroun ne suit pas l’exemple d’autres pays ? Pourquoi le gouvernement refuse de baisser les prix des hydrocarbures, suspendre le prix des loyers, de l’eau et de l’électricité temporairement ? la réponse est simple : « Si on t’explique le Cameroun et tu dis que tu as compris, c’est qu’on ne t’a pas bien expliqué ». Les conséquences sont donc fâcheuses.
Le rétropédalage du gouvernement
Au début de la pandémie, le Ministre camerounais de la santé faisait des points de presse quotidiens comme en métropole (l’hexagone) sur l’état du virus au Cameroun, mais très vite il a cessé. Des camerounais le considéraient comme un héros à cause de son show qui s’apparentait de plus en plus à un zèle. Le 30 avril, le gouvernement sous prétexte que les camerounais souffrent et que, dans l’optique de préserver l’économie, décide d’assouplir les mesures. Des nouvelles mesures, appelées 19 mesures ont à nouveau été prises : le retour au transport normal, la réouverture des bars et des débits de boisson au-delà de 18h et l’annonce de la réouverture des écoles et Universités pour le Premier juin. Des vols internationaux sont prévus pour le 25 mai avec Air France Notamment. Ces décisions sont considérées par certains camerounais comme un déconfinement total. Les conséquences sont désastreuses : Augmentation exponentielle des cas de contamination et de décès, absence de sensibilisation sur le coronavirus, relâchement des mesures barrières et en même temps le port du masque est négligé. Les camerounais aiment apprendre dans la douleur. La vie des citoyens importe peu à l’Etat, or les camerounais doivent prendre conscience et être sages. C’est difficile, surtout dans un pays dont l’économie est dominée par le secteur informel, mais le port du masque et le respect de mesures barrières doivent être scrupuleusement respectés, ce qui n’est pas le cas.
Crédit photo: Kenfack Dirane
Inquiétudes et mensonges du gouvernement
Le nombre ce cas de cas de coronavirus augmente au Cameroun avec une vitesse incroyable. L’ouverture des écoles et Universités est fixée au 1er juin. Des mesures de protection des enseignants ainsi que les modalités d’ouverture restent très floues et suscitent de l’inquiétude. Le 21 mai 2020, le Cameroun comptait 3500 cas de coronavirus, d’après les chiffres évoqués dans ses journaux du 21 mai 2020. En même temps le ministère camerounais de la santé ne fait pas preuve de transparence dans la communication des chiffres. Il parle par exemple de 140 morts, pourtant seulement à Douala on compte plus de 100 morts. Le gouverneur du Littoral avait fait une correspondance dans laquelle il exposait son cri de détresse en sollicitant des planches pour inhumer les personnes décédées de coronavirus et dans sa correspondance, il évoquait plus de 100 morts seulement à Douala. Pourquoi cacher la vérité au Camerounais ? Quel est l’intérêt ? Le gouvernent gagnerait à dire la vérité aux Camerounais pour se réconcilier avec eux pour chercher une potentielle légitimité (si c’est encore possible), pour limiter les dégâts, recoller les morceaux. Les camerounais doivent savoir les chiffres exacts de contaminés, des morts afin de prendre conscience sur la dangerosité du coronavirus et oublier que c’est un mythe, mais bien une réalité et aussi que cela suscite la crainte et pousse chacun à respecter les mesures barrières et à modifier ses comportements sociaux. Pour l’instant, en attendant le miracle, c’est la peur, c’est la psychose. Mais, on apprend peu à peu à vivre avec le virus.
Source: CRTV web
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