Les 75 ans de l’UNICEF : réinventer l’avenir pour chaque enfant

Article : Les 75 ans de l’UNICEF : réinventer l’avenir pour chaque enfant
Crédit: Clker-Free-Vector-Images / Pixabay
09/11/2021

Les 75 ans de l’UNICEF : réinventer l’avenir pour chaque enfant

Donner une vie nouvelle aux enfants soldats !

Des vies brisées par la guerre

C’est une histoire qui n’en finit pas. De nombreux enfants ont vu leurs rêves brisés par la guerre. Beaucoup ont abandonné l’école, d’autres forcés par les milices pour rejoindre leurs rangs. Les groupes armés recrutent les enfants parce que ceux-ci sont facilement influençables. L’âge de recrutement moyen des enfants qui ont été accueillis est de 12, voire 07 ans. A cet âge, les enfants sont influençables et se laissent facilement attirer par l’uniforme, par le  prestige de faire partie d’un groupe armé et l’intérêt financier que représente l’enrôlement. Du côté des chefs de guerre, la manipulation facile de ces personnes vulnérables était vue comme un atout militaire: les enfants, parfois sous l’emprise de la drogue et/ou de l’alcool, se posaient moins de questions lorsqu’il s’agissait de passer à l’assaut et d’affronter les balles ennemies. Ici les enfants sont utilisés comme bouclier humain. Au Nigéria et au Mali, les parents mettent les enfants à la disposition des groupes armés contre une rémunération, puisque les groupes armés sont à court de ressources humaines.

D’après un rapport de l’ONG Save the Children intitulé « Stop the war on children », 426 millions d’enfants grandissent dans les groupes armés en 2018. Une situation alarmante. D’après ce même rapport, le nombre d’enfants recrutés par les groupes armés aurait augmenté de 639 pour atteindre 7 855, avec plus de 3 100 enfants soldats recrutés dans la seule République Démocratique du Congo en 2019. Dans 4 402 cas, les enfants se sont vu refuser l’accès à l’aide humanitaire, soit six fois plus qu’en 2018. Mais le nombre de cas non signalés est probablement beaucoup plus élevé, en particulier pour les violences sexuelles. Au total, plus de 250 000 crimes contre les enfants ont été enregistrés depuis 2005. N’ayant pas pu retrouver leurs enfants, certaines familles n’ont pas pu faire leur deuil, vivant dans l’angoisse, le désarroi et espérant voir réapparaître un jour leur fils, leur fille.

La dimension juridique et légale

Il existe un véritable arsenal juridique visant à interdire aux Etats qui s’y engagent, l’utilisation d’enfants soldats. Les Etats qui ratifient ce type de convention internationale ont l’obligation de ne pas enrôler dans leurs armées régulières des personnes de moins de 18 ans, mais aussi de s’efforcer d’empêcher les groupes armés agissant sur leur territoire de faire de même. La Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, entrée en vigueur le 29 novembre 1999, va dans le sens du protocole facultatif cité ci-dessus au sujet de l’enrôlement des enfants soldats. La convention de l’Organisation internationale du travail n°182 sur les pires formes de travail des enfants qui qualifie comme telle « le recrutement forcé ou obligatoire des enfants en vue de leur utilisation dans les conflits armés ».

De ce fait, il doit « prendre des mesures efficaces et immédiates pour en assurer « l’interdiction et l’élimination » et ce, « de toute urgence ». Il ressort de toutes ces conventions qu’un enfant s’entend d’une personne de moins de 18 ans, qu’il ne doit être ni recruté ni utilisé par des forces armées régulières ou par des groupes armés. Sous certaines conditions, le non-respect de ces principes est assimilé à un crime de guerre passible de poursuites.

Le problème de l’impunité

La question qu’on peut légitimement se poser est celle de savoir : qui paiera pour toutes ces victimes ? Tous sont responsables et coupables ; les gouvernements, les lobbies, notamment le lobby militaro-industriel qui fournit les armes à des groupes armés. La fourniture des armes à une armée non conventionnelle étant interdite par les conventions internationales, les Etats puissants déstabilisent les Etats fragiles pour le contrôle des ressources, pour le plus grand bien du lobby militaro-industriel et d’autres lobbies, notamment pétrolier. Au cœur de cette action, les pays surtout occidentaux, les lobbies, les groupes armés et les familles de victimes. Mais, les enfants sont les victimes parfois oubliées. Cette situation pourrait aussi expliquer le silence conformiste et complice de la communauté internationale et l’absence d’un mécanisme efficace de coercition envers les auteurs de ces crimes.

Dans certains cas, la communauté internationale sacrifie la justice au profit de la réconciliation et même si certains responsables du recrutement et de l’utilisation d’enfants comme soldats sont actuellement poursuivis, les tribunaux internationaux et nationaux ont des limites qui rendent difficiles la lutte contre l’impunité. Des initiatives judiciaires encourageantes, mais encore très insuffisantes sont entreprises aux niveaux nationaux et internationaux. L’ensemble de ces textes juridiques intervient au stade de l’interdiction, mais ne prévoit aucune sanction à titre individuel, pour ceux qui ne respectent pas leurs dispositions. Ils ne mettent en cause que les Etats qui ont pour la plupart une obligation de moyens. Par contre, le droit international humanitaire considère comme un crime de guerre le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats de moins de 15 ans, tout comme le droit pénal international, par le biais des articles 8-2-b-xxvi (conflits armés internationaux) et 8-2-e-vii (conflits armés non internationaux) du Statut de Rome de la Cour pénale internationale.

Une campagne de sensibilisation sur la prévention de l’enrôlement des enfants dans les groupes armés.
Crédit photo: International Medical Corps

Redonner une vie aux enfants soldats loin des armes

Le travail de démobilisation des enfants soldats est un travail extrêmement difficile, car il n’est pas facile de convaincre les enfants soldats: certains désirent rester, de peur de ne plus être acceptés par leur famille lorsqu’ils sont partis sans leur consentement ou craignent les représailles de leur communauté d’origine, s’ils ont commis des bavures au sein du groupe armé. Pour aider les enfants à reprendre une vie qu’ils n’auraient jamais dû quitter, il faut que les Etats, et les familles prennent leurs responsabilités. La communauté internationale doit agir efficacement en matière d’actions coercitives pour amener les différents acteurs de la chaîne, directs et indirects (groupes armés, lobbies militaro-industriels, gouvernements, particuliers, chef des milices et leurs complices). Au-delà des sanctions, les Etats doivent renforcer le processus d’unité et de cohésion nationale, car les déstabilisations externes visent les Etats ayant des clivages sociaux et ethniques importants. Aussi, il faut un travail d’éducation, de prise de conscience et de développement. Les Etats et la communauté internationale doivent s’impliquer davantage dans le désarmement, la démobilisation, la rééducation et la réinsertion de ces enfants.

Les actions remarquables de l’UNICEF et de ses partenaires

 Malgré les difficultés financières et tous les dangers sécuritaires liés à cette activité, les défenseurs des droits de l’homme du monde entier à savoir l’UNICEF, des ONG locales dans des pays ou internationales procèdent à un travail de longue haleine en direction des seigneurs de guerre et notamment les chefs. Ce travail vise à leur faire prendre conscience du droit des enfants. Pour ce faire, ils commencent par prendre contact avec les familles pour identifier ceux recrutés et les groupes armés qui les détiennent. Après cette étape, ils se rendent dans les camps où les troupes stationnent et commencent le travail de conscientisation des chefs de guerre et des jeunes, l’assistance médicale, l’aide psychologique, l’accès à des programmes de formation, la promotion de la réconciliation et la prévention des discriminations, les programmes mis en œuvre par leurs équipes sur l’articulation de plusieurs actions, notamment au niveau communautaire. L’UNICEF et ses partenaires s’efforcent de libérer les enfants soldats, y compris pendant un conflit armé, et favorisent leur réinsertion dans la vie civile.

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